• Anorexie

    Anorexie

     

    Et puis un matin, je me suis réveillée avec ces deux syllabes plein la bouche.

    J'avais beau essayer de les avaler, elles enflaient, gonflaient, remplissaient toute ma cavité buccale.

    J'appris aussitôt qu'il serait hors de question de les extraire sans m'arracher langue, tripes et gosier.

    L'opération serait trop douloureuse, trop hasardeuse.

    Je crachotais mon sang, déjà, rien qu'en ouvrant les lèvres.

    En quelques secondes, j'étais devenue phtisique.

    Ma toux à deux tons devint possession.

    J'étais en expression de maux, en désaccord sur mon corps, engluée dans l'atmosphère de mes protestations.

    J'expérimentais la cessation d'alimentation, le détachement par déshydratation.

    Je me mis en autarcie, en panne de personnel, repliée sur mon système, avec ma clef sans outils.

    Je m'affichais sans prière : ne pas déranger, en état d'obsession.

    Mais rien n'y fit. C’était collé à mon palais, c'était soudé à mes entrailles. Aïe !

    Ces deux syllabes cancéreuses avaient métastasé mon entière entité.

    Mes os devinrent de verre.

    Il était clair que j'étais condamnée.

     

     


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