• Lecture

    Je ne comprends plus rien. J'ai dû sauter un paragraphe, une page, un chapitre ou quelques mots.

    Je m'étais arrêtée à ce point de rupture où tous les personnages constatent l'impossibilité d'action, la non-unité du lieu. Il y avait des émotions qui se jouaient sur cette scène : tristesse, peur, colère se donnaient la réplique.

    Le temps, pour moi, a dû s'arrêter là, à ce point pivot. Tout ce que j'ai tourné par la suite sont des pages blanches, vides ou bien écrites à l'encre sympathique.

    Rien n'a fait avancer l'action : les émotions ont toujours le maître mot.


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  • Effet de glace

    Je me suis encore croisée ce matin. Je me suis toisée en me disant que, décidément, l'une de nous deux ment.

     


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  • Trois petits singes

    Je joue à l'aveugle et je ne vois pas du tout où tu veux revenir.

    "Au point zéro, avant ce moment où nos deux trajectoires se sont reposées un instant sur ce banc."

    Je fais la sourde oreille et je n'entends rien à ce que tes mots racontent.

    "C'est ma vie : je la joue seul en ultrasons que tu ne peux comprendre."

    Je fais la moue et je t'envoie des pages d'images subliminales.

    "Je ne lis pas, je ne vois pas, d'ailleurs, je ne suis pas là."


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  • Deuxième round

    Je ne suis jamais en déficit de mots.

    Tu as l'air surpris parce que je me tais.

    Mais si tu sais lire, tu sais,

    Ce que mes yeux t'avouent sans chercher à le fuir :

    Chaque diamant qu'ils reflètent te raconte combien

    Je suis riche de nos nuits, enivrée de nos peaux.


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  • Sous la peau

    Il y a des cœurs qui n'oublient pas, qui ne guérissent pas. Moi, je n'ai rien oublié des Toi, des Nous. J'ai tous mes amours entassés, les uns contre les autres serrés. Il n'y a plus de séparation dans mon passé, même lorsque les présents poussent du pied les absents.


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  • Retard

    Je reviendrai te voir lorsque je n'aurai plus peur du noir. Je ne peux que te suggérer de t'y préparer. Parce que, quand je serai là, il sera trop tard. Je n'attendrai ni destin, ni hasard lorsque je l'aurai décidé. Je viendrai vers toi d'une démarche assurée. Ton regard ne me fera pas flancher.


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  • Premier round

    Je vais savourer quelques temps tes premiers mots et leur insignifiance. Je vais fermer les yeux et me délecter un moment de ce premier moment où tu t'es lancé en direct sur le ring, avec cette assurance que montrent tous les hommes qui ne sont pas sûrs de gagner. Je vais me poser un instant sur cet instant où nos regards surpris se sont gardés en vue et où nos lèvres ont souri de cette altercation.

    L'occasion était trop belle et tu ne l'as pas ratée.

     


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  • Marée montante

    On se débat toujours contre les vagues trop puissantes. Celles qui vous chatouillent vaguement les pieds, on les dégage sans y penser.

    Mais celles qui s'enflent, celles qui voilent le ciel et les battements de cœur, celles qui grondent et assourdissent le bruit des pleurs, celles-là, on les recherche autant qu'on les fuit. Leur violence nous tient en laisse.


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  • Ce n'est pas rien

    Non, ne me dis pas que ce n'est rien. Si j'avais pu, ce jour-là, t'enfoncer les ongles dans les yeux, t'arracher le cœur à pleines dents. Si j'avais pu me jeter hors de moi, te provoquer jusqu'à l’étreinte, jusqu'à te tuer.

    Ne me dis pas que ce n'est rien, simplement, parce que je suis allée me pendre, ailleurs, sans que tu le saches, pour t'épargner.


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  • Vade retro

    Avant j'étais jeune et belle, je pouvais m'exposer aux rayons du soleil. Et puis, tu es venu. Comme un serpent, tu m'as mordu.

    Tu m'as tirée dans la lumière pour me dire que j'étais laide. Tu m'as attirée contre toi pour me montrer comme j'étais vieille.

    Alors, j'ai battu en retraite. Je me suis toute ratatinée. Je me suis retranchée dans un coin d'ombre. J'ai fermé les volets de la maison et me suis mise le dos au mur.

    Dans mes oreilles, souvent tu grondes et je sursaute à chaque éclair. Tu ne m'as pas encore retrouvée, mais je sais, qu'un jour, tu viendras me chercher.


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  • Méthode tournante

    J'aurais pu me mettre à genoux, supplier, implorer. Mais j'avais déjà testé et j'avais détesté. Alors, cette fois-là, je me suis pliée, à tout, en objet, sans objection. Je sentais la peur chez eux. Oui, la peur a une odeur. C'est une odeur de sueur qui tremble, de paumes de mains fortes, brutales, tâtonnantes, sans assurance. Quand on te traite en chienne, faut croire que tu en chopes l'odorat. Je me suis tout de suite concentrée sur ma respiration, comme chez le gynéco. Tu respires à fond, tu te détends parce que c'est quand tu te crispes que ça fait mal. Après le premier, ça a été plus facile  de compter : inspiration, expiration, parce que la méthode "penser à autre chose", j'ai testé : ça ne marche pas.


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  • Théorie du Chaos

    On donne des ordres aux choses, aux gens.

    On ne met pas tout sur le même plan. Il y a des priorités. Il faut les ranger  en ordres croissants ou décroissants. On n'aime pas vivre dans le désordre constant.

    On donne des ordres : nos désirs passent avant. 

    Ce sont des injonctions permanentes aux actions des autres. Nos désirs sont des ordres impérieux, des désordres amoureux. Pour que tout rentre dans l'ordre, il faut qu'on soit deux.


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  • Note

     

    Tu es un homme de "sons", moi je suis de "papiers".

    Tu peux me plier, je peux te lier.

    Je peux t'écrire, tu peux me faire chanter.

    Tu peux me lire et ensuite me brûler.

    Sur ta gamme, je ne sais pas où tu m'as placée. Je sais seulement que je suis ton instrument et que tu sais en jouer.

    Ta portée sur ma page n'est plus vierge, il me faut ton toucher.

     


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  • duel

    Crois-tu vraiment que tes mots ont pu me terrasser ? C'est vrai qu'ils étaient bien ciselés, on sentait que tu les avais soigneusement choisis. De beaux morceaux entiers que tu m'as ressortis de ta bile : c'était chiadé, fait pour tuer.

    Bon, pour être honnête, ils auraient pu être les derniers quand, à les lire, mon cœur s'est arrêté... quelques minutes, plusieurs fois par heure, pendant des jours, des mois, des... le temps n'a pas compté.

    Crois-tu vraiment que tu pouvais me vaincre ?  C'est vrai, là, tu étais sur mon terrain, tu t'es aventuré dans la mouvance de mes marécages. Tu savais pourtant, ici, mon pouvoir de détournement. C'était héroïque et suicidaire aussi.

    Bon, pour être tout-à-fait franche, dans le piège, j'y étais aussi : prise jusqu'au cou dans mes propres boues, empêtrée, figée même. La langue collée au fond du palais, endormie sur mon lit de princesse sans l'ombre d'un prince pour me tirer d'ici.

    Le temps de lire ce que tu avais à dire, ce temps s'est arrêté, mon cœur, mon corps aussi, certes : ça ne veut pas dire que tu as gagné. Je pourrais bien te remettre les pendules à l'heure.


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  •  

    Sur la ligne des inconnus, j'en sais trop et pas assez : trop pour ne pas m'interroger, pas assez pour imaginer.


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  • Petites trahisons entre amis

    Toi, tu me caches quelque chose. Ta pupille part en vrille quand tu forces ton regard à la franchise. Je sens l'arnaque, la trahison qui gronde sur le front de l'ouest. Ça sent la poudre à canon achetée deux euros dans un magasin discount. Mes prévisions sont pessimistes: je vais encore y laisser des plumes et de l'encre aussi.  Tu vas encore me pousser du sein contre la porte et je vais me laisser prendre à ton sourire enjôleur. Je regarderais ta bouche repeinte me mentir d'un sourire qui montre les dents. Pour ne pas me faire mordre, je vais faire semblant de croire.

    Et tu vas encore me mettre dehors avec sous la langue cette pastille de cyanure.

     


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  • Sens interdit

    Depuis hier, je suis en panne. Je suis vidée, comme si on m'avait aspirée.

    Hier, je parvenais encore à tromper mes sens, mais eux-aussi ont eu le temps d'apprendre le leurre et au bout, l'inexistant.

    Tout ce mal pour rien, tous ces efforts pour balancer les pieds au-dessus du vide sans même un bon vertige pour se retenir. On est dans l'impasse, je n'ai rien à leur offrir.

    Alors, ils en ont marre : je les comprends. Sans gratifications, pas de manifestations.

    Mes sens sont en grève et, moi, en peine sur le bord de moi-même.


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  • Le spectacle est terminé. Pas de chahut : le silence. Il y a eu trop de bruit dans les mots aujourd'hui. C'est confus, ça ne veut plus rien dire. Je vais replonger mes sens à l'envers de la nuit : on verra demain ce que le jour en dit. 

     

     


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  • Rendez-vous

    Je suis pressée. Oui, très : trop. Je suis pressée de te voir, je suis Persée aux pieds ailés. Je voudrais voler à ce rendez-vous pour tes baisers, volés, salés, sucrés : je sais que je vais adorer.

    Je ne fermerai pas les yeux, je vais goûter jusqu'aux ombres de tes cils. Je laisserai ta bouche m'engloutir comme un fruit, me croquer, me meurtrir. Je sais que tes mains me maintiendront debout si mon corps gémit de soumission. Je serai contre toi et je cueillerai sur ta peau chaque goutte de plaisir.


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  • Ose

    Ose

    Ose me dire ce qu'il faut ou ne faut pas dire.

    Ose m'apprendre ce que tu ne sais pas encore.

    Ose me défier au cent mètres nage libre.

    Allez, ose ! Que l'on voit qui est le plus fort.

    Tu pourrais bien m'apprendre à perdre mes défis. Tu ne le sais pas encore, mais tu trouveras, c'est sûr, ce qu'il faut dire. Oui, tant que tu oseras, tu seras le plus fort.

     


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  • Osmose

    Si tu me lâches encore, je rendrais âme et corps, très certainement. A tes pieds, je pourrais bien déposer en gerbe, cette petite mort tant aimée.

    Si je me lâche enfin, tu ne pourras plus rien faire pour me retenir, tu le sais bien. A ma place, tu laisseras s'évanouir l'écho de nos faux-pas.

    Si on ne se lâche pas, on pourrait bien périr, devenir hydre, se statufier. C'est un mauvais sort que je n'envie pas.

    Reste à nous séparer, sans lâcheté.

     


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  • Urgences

    Rien de sale, une blessure banale : émotions, sentiments, j'ai tout retenu là-dedans en attendant de trouver le traitement.  Mais, il n'y a pas de baume pour certains cœurs. Alors, j'essaie de me distraire du mien, de l'envoyer voir ailleurs. Il parait que la solitude serait salvatrice, qu'on peut y hurler de douleur, qu'elle garde tout à l'intérieur. C'est tentant... en attendant.


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  • Comment je t'aime

    Oui, je m'inquiète de toi. C'est plus fort que moi. Mes questionnements sont à ton sujet. Ton visage, ton image sont des mirages qui modulent mon paysage. Je ne peux plus t'aimer comme on aime à vingt ans, alors je t'aime infiniment. Je ne peux pas être ailleurs que dans le coin,  si tu me cherches. Je ne serais pas loin, si tu as besoin. Je ne reprendrai pas la main que je t'ai tendue. 


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  • Petit crachin du matin

    Si tu veux fleurir ma tombe, ne te gêne pas.

    Je ne te ferai certes pas la conversation, pour une fois.

    Nos mutismes seront mutuels et nos silences éternels.

    Tu pourras aussi graver ça dans la pierre.


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    Exercices

    Tu luis déjà sous l'effort. Ta peau se déroule sous les pleins et les déliés des fibres de ton corps : ces effets contrastés, cette mouvance des chairs me donnent envie de toucher, d'appuyer ta douleur musculaire du poids de mes caresses. Mais pas encore : échauffement d'abord.


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  • Parfois, j'ai peur pour toi, comme on peut s'inquiéter de quelqu'un qui nous tient à cœur.

    Parfois, je souris; parfois, je pleure : je suis bon spectateur.

    Mais tu as toujours sur moi, une résonance particulière et tes mots tracent, magiquement, d'autres mots qui me viennent, comme sortis d'un chapeau qui ne peut être à moi, puisque, moi, je n'en porte pas.


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  • J'ai tout gâché

    Tout n'était qu'illusion. Assis, ta folie en tête de lit, tu parcours de tes yeux fermés ces dernières années. Tout ce que tu as su créer, projets, amis, appuis : des entreprises risquées, maîtrisées, dominées, parfaitement orchestrées. Tu avais dans ta manche, atouts et coups d'avance.

    Enfin, ça, c'est ce que tu te disais, dans tes rêveries diurnes, seul face à toi-même dans le silence des autres.

    Mais, tout n'était qu'illusion, construction de ton imagination. C'était visible quand tu sortais et que rien, de ce qui était, n'était conforme à ce qui aurait dû être. Tu l'aurais vu plus tôt, si tu ne t'étais pas mis en tête cette folie, si tu n'avais pas parcouru tout ce chemin les yeux fermés. 


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  • Histoire de rats

    Un homme, qui me maintenait prisonnier dans son enfer d'absences et de silences, m'a un jour reproché de n'être jamais rassasié.

    Il était bien avare cet homme. Il me regardait de ses yeux mi-clos lorsqu'il me donnait à sucer quelques reliquats de nos échanges passés à travers les barreaux. Moi, je tournais, rage en cage, montrais le dos, les dents, les crocs. Ou bien je quémandais, suppliais, implorais : mais je n'étais jamais assez sage pour avoir les gros morceaux.

    Un jour, à force de ronger mon frein, j'ai rompu tous les liens et je lui ai dit tout le mal que je pensais de lui. J'ai serré les dents jusqu'au sang et je l'ai mordu au plus profond que j'ai pu.

    D'un coup de pied, il m'a écarté de lui. De tout son poids, il a écrasé mes reins. Bien sûr, il a eu raison de moi. Alors, je suis retourné me terrer dans son désert secret et depuis, il ne me donne plus à manger.

     

     

     

     

     


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  • Selfies

    Pas besoin de photos, non. Que veux-tu me montrer ? Les photos sont des instantanées. On y reste figé. Je ne me fais pas d'idées sur leur validité. C'est un instant déjà mort de fixité, qui s'imprime par-dessus toutes nos réalités.

    Je préfère éviter les clichés.... 


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  • Certains mots vous laissent sans voix; certains textes, sans paroles. Certaines plumes vous plongent le cœur dans un bain d'encre où l'on peut se noyer sans risquer de se perdre. Certaines phrases saturent les sens : on en a la bouche pleine. On en savoure le sens, bouchée après bouchée, et c'est un peu collant, comme un nougat très tendre et amèrement croquant.


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