• Une voix

    Je l'entends la première fois. Elle vient de loin, mais me retient du plus loin, du plus bas de l'endroit où je suis.

    Je l'entends la deuxième fois, elle ne m'est pas adressée, mais elle laisse ses notes me caresser.

    Je l'entends la troisième fois, et c'est sur moi qu'elle infléchit sa pause. Ses nuances si pleines et sa mélodie m’enchaînent à sa suite : dans sa fugue, je sens que je m'enfuis.


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  • Greffe

    Là, sur mon cœur est tatoué un autre cœur. Qui n'a rien à voir, ne veut rien voir, mais, va savoir pourquoi, est celui que j'aimerai avoir.

    Là, sur ma peau est tatoué un mot.  C'est peut-être pourquoi je vis là où je ne peux pas être. 


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  • Encore et encore, être la même, ne jamais se trahir,
    Ouais, jeune ou vieille, être toujours putain de sa vie,
    Mais pas pour lui, jamais à lui.
    Même si il t'enroule dans la soie, dans son cocon de soi
    Même s'il te frappe et t'envenime
    Même s'il te tue et te réanime,

    Même s'il fait ce qu'il veut de toi.

     


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  • JTM

    JTM

    Maintenant, sur ton bras, je vois la marque de nos étreintes. Ici, l'empreinte mordue de ma bouche. Là, l'appui de mon pouce. Là encore, les signatures rouges de mes ongles. Et ici, sur ton poignet, à la base de ta paume, la coulée salée que mes larmes ont laissée. Je vois même ce qui ne se voit pas, un peu partout sur ta peau : la trace appuyée de mes baisers. 


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  • Déni de violence

    Pendant que je te faisais violence, que je marquais ton corps des bleus de mon regard.

    Pendant que j'attachais la corde à ton cou réticent, pour m'y suspendre et m'y pendre.

    Pendant que je fermais ta bouche avec mes ironies, mes rires et mes mots les plus tendres.

    Pendant que je liais tes mains si forts qu'elles ne tremblaient pas par hasard.

    Pendant tout ce temps, tu as fermé les yeux, dans la fuite, dans l'oubli, dans la peur d'être malheureux.

    Pendant tout ce temps, j'ai refusé de voir, de savoir et de croire : tu m'avais condamné à être ton bourreau et je n'y ai vu que du feu.


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  • Faux amis

    Il y a des personnes qui, sur ta vie, ont un effet dévastateur. Ce ne sont pas des amis, ce sont des tsunamis.


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  • J'ai révisé la théorie. Bien obligée : j'avais des questions en attente. De 0 à 100 , y a-t-il 100 possibilités, ou celles de n'en choisir qu'une ou deux ou n dans un ensemble R=<0;100>. A 100% des réponses, on croit, sincèrement, que c'est vrai. A 0%,  les questions n'ont même pas lieu d'être. Dans ces extrêmes, on est toujours irrationnel.


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  • Vengeance

    Je ne suis pas folle, ni menteuse, ni furieuse. Je n’ai pas de colère, pas de haine, pas de mépris. Je suis dans ma violence, en tourbillon. Dans l’asphyxie de mes silences, je crie vengeance.

    Sans nouvelle ni réelle, ni virtuelle. C’est une torture, une délivrance.

    Je rêve que je le mets à la question… et il me répond, tantôt oui, tantôt non, c'est selon.

    Je ne touche que ses lèvres dans mes rêves, du bout des doigts, du bout des miennes, parce que mon imagination s’arrête là, fatiguée d’elle-même.

    J’ai cent ans de plus que lui, c’est un enfant.

    Mon Dieu, pardonnez-moi mes offenses…


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  • Pas de pot !

    J'ai pris des vacances, une absence de longue haleine pour souffler sur ta peau. Il faisait du soleil et j'étais bien au chaud, lovée contre ta peau. Toi, tu bougeais, tu faisais rouler tes muscles sous ta peau. Moi, j'étais amoureuse, collée à ta peau.  En deux coups de cuillère à pot, tu as eu la mienne, gracile, facile, et tu l'as vendue aussitôt, pour sauver ta peau. 

     


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  • Ecriture

    C'est du noir sur blanc. Une encre qui tatoue, mais qui ne fait pas tout.

    Attends : je peux t'en dire des bien pires, des faits d'armes très stylos. Plein d'histoires renversées, transgressées, inventées, des sommes de vérités imagées.

    Je n'ai rien d'autres à faire : les autres, ce ne sont plus mes affaires.

    Moi, j'ai mes pages qui me servent, mes esclaves dociles.

    Je leur fais dire ce que je veux. Avec elles, l'un possible devient multiple. 

    J'ai troqué l'enfer contre la plume.

    C'est sans chaleur, mais au moins je ne brûle plus de mille feux.

    C'est plus léger aussi, moins terre à terre et sans odeur : ça me va, moi qui ne sens plus rien.

     


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  • Dream

    Cette vie ne peut pas être réelle : il y a bien trop de cauchemars dedans.

     


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  • Ghost

    Je n'ai plus d'ombres. Je passe comme ça dans la lumière , sans réfléchir : on ne me voit pas.

    Je danse au milieu des cœurs de pierre, au milieu des Saints-Thomas qui n'ont que faire de ce qu'ils ne voient pas : je ne suis pas là.

    J'entends bien qu'on m'appelle à la clémence, à la souffrance, encore, oui mais voilà : je n'y tiens pas.

    J'aimerai bien me reconstruire, de chair et d'os, sans sang pour me la couler douce et retrouver un nouveau souffle.

    Refaire tout, de haut en bas, et te tenir dans mes bras. 


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  • Noyé

    Toujours mes larmes coulent. Je ne suis pas guérie.

    J’ai rempli la cuisine de mes cris, l’ai vidée d’autres bruits.

    Je pleure maintenant si fort, que le niveau monte cran par cran.

    Et je n’ai toujours aucune idée du temps

    Qu’il faut ou faudra pour que cesse cette pluie.

    En attendant, le salon, la chambre, la maison, à grandes eaux sont remplis.


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  • Rentrer chez soi

    "Il faut que je rentre chez moi", répète-t-elle sans cesse, qu'elle y soit ou qu'elle n'y soit pas. C'est normal, elle n'habite plus son corps, ou plutôt si, elle n'habite plus que là. Son esprit, lui, est parti, déménagé avec les meubles et les vieux habits, jeté quelque part, on ne sait où... elle, en tous les cas, ne le sait plus.


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  • Missed

    On a raté ce train. Tous les deux. Chacun à son propre arrêt, perdu dans sa propre gare.


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  • Cette poésie , je me revois l'écrire. Petite, sous le ciel d'été, devant les moutons blancs sur une herbe piquée de mouches noires et de boutons d'or, assise sur le parapet d'une fenêtre pas plus grande qu'une lucarne, dans cette vieille ferme sentant le lait rance, le grain et le fumier.

    Voilà, c'est tout. Déjà là, j'en étais et ici, j'en suis toujours. 


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  • Toi, tu es l'objet interdit. L'objet de mes pensées, l'objet de mes désirs intimes. Tu es un objet convoité, qui trace devant moi sa ligne, un projet.


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  • Voilà que je m'aperçois de l'écho de ce mot à l'intérieur de moi : dans mon "fort" intérieur, bien gardé, il y trône. Je crois bien qu'il dirige et tient mes rênes souterraines.

    Alors, tout ceci ne serait que fruits de ses manigances : lorsque je crie, que mon corps tremble; lorsque mon paysage me peint d'autres chemins à penser, d'autres fleuves où me laisser flotter; lorsque je me heurte aux murs, m'y blesse mais y retourne.

    Me vient un questionnement : Et si ces perspectives devaient être absolument impossibles, juste pour permettre à ce mot de régner à nouveau.


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  • Devoir sur table

    Dans l'infini des probables, c'est toi qui t'es posé, comme une énigme à résoudre, une question à réfléchir.

    Une fois gravée la consigne, tu as tourné la page : tu es parti t'inscrire ailleurs, sur d'autres feuilles, me laissant seule à mes devoirs.

    Je planche là-dessus depuis des mois, des jours et des heures.

    Aucun théorème n'y applique sa fonction. Je ne trouve pas l'équation qui justifie ma solution.

    C'est un chaos de variables et pourtant il m'en manque au moins une : tu ne m'as pas tout dit de l’énoncé du problème et ces inconnus empêchent toutes mes résolutions. 


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  • Après

    Je l'ai vu courir

    J'ai senti son souffle sur mon cou. 

    Après

    Mon corps se dérobe encore et encore

    Face contre terre

    Sur cet obstacle insoluble

    Après

    Je bute encore et encore

    Son regard me colle au mur

    Après

    Il me tient par la nuque d'une main

    De l'autre... je ne suis plus sûre

    Après

    J'avance d'un pied qui porte les coups

    Après

    L'autre n'apporte aucun plaisir

    Après

    Il n'y a plus rien après

     

     


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  • Séparation

    Après tant d'années de vie commune, nous nous sommes mis d'accord pour me foutre dehors. C'est vrai, ce n'est pas supportable de vivre avec quelqu'un qui ne vous aime pas comme il faudrait qu'il vous aime.


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  • Tu dis que tu n'as rien fait pour, que tu n'existais pas, que tu n'étais pas là, que tu n'étais pas toi. A un autre moment, lieu, corps, instant, dans le court laps de temps qu'il a fallu à mon cœur pour s'enflammer... d'ailleurs, pas de toi : toi, tu n'y étais pas.


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  • On peut mourir sous les coups. Du fouet qui cingle les chairs, les ouvrent, les séparent. On peut mourir de déplaire, de ne pas faire comme les faux. On peut mourir d'être puni, de n'être plus à l'abri, au sein brûlant des sociétés. On peut mourir d'être sorti prendre l'air en dehors de la masure du temps.

    On peut mourir doucement, faire durer le plaisir, pour souffrir un peu plus de ne pas vivre ici.


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  • Absence

    Dans mon abstinence du voir et regarder, il y a le noir de mes pensées qui reste incrusté. Comme si mes veines refusaient de se laisser couler dans les profondeurs du puits de la mémoire.

    Pas d'oubli, pas de trêve pour toi Princesse, que des rêves. Tu as cinq ans, dix ans, quinze ans... derrière tes yeux, rien n'a changé; sous tes paupières, il y a lumière, ivresse, vivance. Ça danse. Toujours en transe, même dans l'absence.


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  • Lignes de fuite

    Il y a une question à laquelle je n'ai pas répondu.

    Sans doute que dans les termes, elle ne me convenait pas.

    Vouloir n'est pas dans mon champ lexical lorsqu'il s'agit de toi.

    Ni vouloir, ni pouvoir, ni croire, j'en reste au premier groupe.

    Demande-moi si je souhaite, si j'espère, car je n'ai ni être, ni avoir venant de toi.


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  • Je ferme les yeux. Je sens sur mes lèvres cette pression, ce frémissement humide, cet effleurement. C'est léger, délicat, comme un subtil appel, si impérieux que ma bouche s'entrouvre.

    J'ouvre les yeux. Il n'y a là que le vent.


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  • C'est un poids qui compresse, qui alourdit, qui  tasse contre terre, du ventre jusqu'à la gorge. C'est ce genre de poids que des bras ne peuvent soulever : tu peux battre des mains, étreindre l'air, frapper du poings contre ta chair, rien ne l'ôte, rien ne cesse.


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  • Mécanique quantique

    Avant de parler sentiments,

    Commençons par faire un peu de mécanique.

    On va devoir se salir les mains,

    Donner de la sueur et du rein,

    En avoir, -  au minimum, - jusqu'au coude

    Et si tout va bien, 

    jusqu'au cou

    Et peut-être même par-dessus la tête.

     


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  • Et bien voilà!

    Je n'ai pas l'âge des mes artères : c'est ça qui ne va pas.

    Mon corps est non-conforme : trop gros, trop abîmé, trop gras, pour être un bon support.

    Mon visage, n'en parlons pas. Pas de gros dégâts de ce côté-là, mais il n'a jamais  fait ma publicité, et ça n'a pas changé.

    Je n'ai pas les désirs de ma réalité : et c'est ça qui fait peur.

    Dans mes yeux, il n'y a pas de docilité. Je ne vois pas, je coupe. Je ne me rends jamais sans discuter.

    Et si on parle sentiment , c'est pire. Je n'aime pas, je me passionne. Je ne pleure pas, je suffoque. Je ne donne pas,  je me dévaste.

    Je suis sans cesse en démesure : je n'ai pas la mesure de la vie.

    Tout est violent dans ma demeure et c'est cela qui me meurt.


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  • Je  sais que je vais oublier. 

    Les envies, pour les garder en vie, il faut les fixer, quelque part, dans un lieu bien fermé, cloisonné, d'où elles ne peuvent s’échapper.

    Quand l'envie vous prend, il faut être vif, la saisir, sinon elle passe en laissant derrière elle, des larmes et des regrets : c'est sa trace personnelle, c'est ainsi qu'on la reconnait.


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