J'ai essayé de ne pas perdre la mesure

De ne pas me battre à plates coutures

De ne pas rendre les coups

Je me suis penchée sur ton ouvrage

J'ai regardé tes mains et ton visage.

Un instant s'est suspendu

Il a suffi à mettre au noir

Le fin fil de ma mémoire.

Devant la forêt, il y a l'arbre

Avec ses longues branches

Ses bras aux longues manches

Dont on défait aux poignets les boutons

Pour retrousser lentement

Pli à pli

La manchette.

C'est toujours une explosion

De couleurs

De douleurs

Après.

Tu m'as dit :

Je suis en colère maintenant.

Regarde ce que tu fais de moi

En me jetant hors de toi.

Une chose affreuse

Une distorsion de ton

Qui se répand en écho

Dans un monde sans son.

Tu m'as dit ça d'un air

Qui n'ouvre aucune réplique.

Une colère fermée

Où je ne peux plus entrer.

Mon cher p*, 

Même lorsque je le crie, je n'y crois pas

D'ailleurs, je ne l'écris pas.

Chair p*, qu'incarnes-tu,

Si ce n'est ce que je fuis dans mon miroir.

Voilà un gant que je te jetterai bien au visage

Avec mes peurs et toute ma rage.

Cher,

Mes amis le sont

Mes envies le sont

Mes choisis le sont

Mais pas toi :

J'ai enfin fini de te payer.

illustration de Gustave Doré

Je prendrai bien un bain de peaux

Uniformément lissées dans l'eau.

En me laissant flotter entre deux

Entre nous dans les blancs mousseux

De l'entrelacs de nos "bouger" langoureux.

Oui, je reprendrai bien volontiers

Une autre tasse de ton T.

Peinture : jarek puczel

https://www.facebook.com/daniel.trindadescheer

Je reviens à peine

D'affaire avec l'autre de moi-même

Et je trébuche sur ça :

Ce que tu dis de moi.

Ce que tu vois, ce que tu sens, ton entendement,

Mais ça n'a rien à voir avec moi !

Toi, tu préfères te dire que ça n'existait pas

J'ai essayé pour voir

D'enfoncer mes pas dans tes pas

Mais entre toi et moi

Rien n'est effacé

Moi, j'ai tout retrouvé

Chaque mer avait le noir de tes yeux

Chaque ville gardait la rumeur de nos jeux

A chaque fois que j'arrivais quelque part

Tout me parlait de ton départ.

Si je suis mal aimée

Pas à pas aimée

Mais sur les mauvais chemins à mains

Nue et sans doigtée

Maintes fois enfermée

Dans une malle enterrée

Sans pouvoir respirer.

Si je te dis tout le mal

De mes parties mâles

Closes dans ce tabou.

Puisque je ne suis qu'une femme

Mais, après tout

Je sais qu'il vaut mieux ne pas être aimée du tout.

J'ai le cœur sans

Le corps replié sur mon souffle

Je ne veux pas de ta main

Je sais qu'il n'y a pas de nid

Que tu n'es ni ami 

Ni assis au bord où je suis.

Tu ne guériras pas ce vide dérisoire

Ce désir rasoir qui me scie

Et m'étripe par terre.

C'est ma faute si je n'ai pas osé.

Il y a des nous qui tiennent

Qui s'accrochent et qui saignent

Même lorsqu'ils sont dénoués

Dénué de fonds, d'amants

Je t'aime, tu m'aimes

Même si nos yeux se sont perdus

Même si nos mains ne nous tiennent plus.

J'ai beau savoir que tu ne m'apportes rien

Rien que du déplaisir, des souffrances, de l'attente

Qu'il vaut bien mieux que tu sois parti

Que je ne sois pas dans tes vues et tes abus

Je cherche partout comme un animal

Je renifle, je piste

Je suis paumée, désertée

Perdue dans mon propre panier de crabes.

Il y a un âge où on se défait de ses souvenirs

Plus le temps passe, plus on les laisse s'enfuir

Plus les objets changent d'objets

On n'attend plus d'eux qu'ils nous lestent

On lâche enfin nos ancres terrestres.

C'est le syndrome du vieux, ça

D'être antigravitationnel.

Je perds

Ton nom, ta voix

Mon son, mon choix

Je mets bas

En sourdine ma vie

Voilà ce que je dois

Aux dieux du devoir

Des bonnes us

Une sauvegarde de plus

Pour, demain, pouvoir encore

Regarder derrière la glace

Sans briser ce mince reflet

Ne pas le tuer en éclats. 

Quand je me crois seule

Je vous ressors

Vous, mes milliers d'heures, de leurres, de sœurs,

On s'accompagne

Dans le vide sidéral.

Ça m'évite de convoquer

Les autres

Les conseils d'amis

Autrement qu'en consultatif

image : Daniel Trindade

Tu as raison de te tordre

Tu as tort, tu déraisonnes

Ça monte , ça mord

Ça te démonte la tête, la trompette

Pas d'amusette, quand ça résonne.

C'est fou à lier les bords sur garde-morts

Toujours tes yeux, dans le rétro :

Ils étaient tellement beaux.

(....) ça me rappelle, ça ....Elle m'avait demandé de venir témoigner devant public, presse et gens instruits, de mon expérience de femme d'entreprise. Ça m'avait assez assez flattée, d'être ainsi remarquée, sortie de la boite, sollicitée. Alors, je me suis habillée en conférencière et me suis mise au pupitre et puis, je suis allée me raconter avec toute ma volonté d'aller au-delà des clivages, par-dessus les montagnes, en sautant les obstacles des freins et des moteurs différentiels. Mes dadas, à l'époque... déjà.

Bref, j'étais très occupée à dire comment j'avais fait de mes difficultés, l'essence de mes énergies.... Tu sais, j'étais là, à m'exposer, j'avais oublié que j'étais maquillée, que j'avais mes vingt kilos de trop.... une autre de mes tentatives de réussite...

Lorsque cette femme, très brune, très belle, s'est levée et, très péremptoirement, m'a interrompue. Sûre d'elle, superbe, elle m'a lancé :

" Vous, vous n'êtes pas une vraie femme !"

Comme ça ! Parce que... parce que je ne paraissais pas... quoi ? ni faible, ni opprimée, ni battue, ni digérée ? Une fausse ?

Allez, tant pis si je m'étouffe avec ma salive à force de ravaler mes peines, mes peurs, mes heurts, mes bleus, mes larmes et tout le sang qui va avec, cette femme devait avoir raison : je ne suis pas une vraie. Ouais, je ne crie pas mon cœur, je ne colle pas mes fesses sur mes faiblesses, je n'étrangle personne avec les cordes de mes violons, je ne suis pas parfumée à la rose....et je vous emmerde !

(extrait "sens interdit")

Tu as plusieurs possibilités

Nos désirs ne sont pas en 3D

Nos désirs ne sont pas déterminés

J'avancerai en terrain caché

Je ferai le saut de l'ange

J'en ai la plume.

Moi, je te dis que tu n'es plus

La seule simulée

Nos mains se touchent par nos pensées.

Voilà qu'on baisse les bras

Avec ce geste las

Qui ne chasse rien de l'ennui

Qui ne dégage pas l'envie

C'est trop lourd de lever la main

Même pour dire au revoir

Simplement fermer les yeux

Là, je sens encore que, là

Ce souffle chaud

N'est pas la montée de mes larmes

Mais ton haleine sur ma peau.

Je n’aime pas ça/Quelque chose en toi

La dépendance dans laquelle je me suis fourrée avec toi/Rien que toi

Tu ne m’apportes rien, si ce n’est quelques mots/Tes mots

Par-ci, par-là, épars et parcimonieusement dispensés/A mes pensées

Pour nourrir uniquement ta propre pensée/Sont en échos

Je n’aime pas ça/ Je ne devrai pas

Je n’ai aucun bénéfice à rester ou t'attendre/T'entendre

Tu me parles de toi, de tes voies, de tes amours de garage/Et continuer

Tu te fous des échos que tes mots propagent sur ma peau/De t'avoir

Tu n’es pas disposé, après tout, toi, tu ne m’as pas cherché/Dans ma peau

Simplement klaxonné : je pouvais dégager au lieu de m’avancer/Et mes os

Mon choix, n’est-ce pas.../Et surtout dans le moi qui me reste...

Je n’aime pas ça/Tu es comme un soleil

Tu es dangereux pour moi/ Eboulis-moi de tes lumières

Tu n’as pas d’état d’âme : me bloquer, me claquer la porte au nez/ Je te sens

Ce n’est pas un problème pour toi : ni embarras, ni reliquat/Range-moi

Que je sois là ou pas, tu as d’autres œufs dans ton panier/ Dans ton panier

Que ma fin soit dure, tu n’en feras pas un plat/ Garde-moi bien à plat.

J'admire cette faculté,

Cet état d'être

De pouvoir aussitôt se retrancher

Trancher, couper, 

Se désister

Tout comme si l'on n'y était pas,

Ou ailleurs,

Ou ne pas,

En tous cas, 

Négatif sur l'actif :

Rien que passif, tu vois.

Une petite fille  court dans la rue

Pour moi ce n'est pas rien,

Ce n'est pas une histoire sans lendemain

Qui passe de mains en mains

Dans cette voie sans issue.

Une petite fille claquée au mur

Sans le son pour s'attendre au pire

Le souffle et les jambes coupés

Une parenthèse de destin, ma foi

Une nature bien morte

Mais une belle prothèse.

Tu as l'ivresse de croire

Que la fille est un petit miroir

C'est un peu court, tu vois.

Toi,

Que j'ai propulsé au-delà

Que j'ai contraint à être une fois

Ni loi

Toi

malgré la douleur d'être soi

Toi

J'ai eu l'audace de t'accroire

C'est comme en compétition :

On laisse à l'autre une porte ouverte

Pour mieux lui dire qu'on peut lui nuire.

On attend

On sait que ça va venir

On est prêt

La réponse est déjà chorégraphiée.

Qu'importe :

Je sais que tu m'aimes.

C'est comme une vague,

Un ressac, 

Un truc qui jamais ne disparaît.

Qui s'éloigne

Pour revenir,

Qui s'efface 

Pour mieux s'inscrire.

Plus je te perds

Plus tu me trouves,

Plus tu te tais

Moins je suis sourde,

Tout ce vide

Ce n'est que toi.

Il y a en dessous

Cette légère pression du doigt

J'ai déjà vécu ça

C'est sans doute pour cela

Que je te côtoie.

Tu n'es pas terra incognita

Je sais fort bien que tes bras

Sont mes rames de galères.

Pourtant, je rêve de ton fouet

Et tous tes coups, je les envie

J'en rêve le jour, j'en crève la nuit

La nuit, tous les poids sont bleus,

A coups de sans lendemain

Les rêves y surnagent

Dans une moiteur d'orage.

C'est allongée sans bouger

Qu'on est la plus sage.

On glisse une oreille

Malgré la distance

On se fait toute oui

Il n'a pas de risque

Juste un vent qui sèche avec un bruit de plage.

Ce n'est pas simple de dire je t'aime

Ce n'est pas simplement le mot

Ce n'est pas un simple jeu qui vaut

Qui s'équivaut de nos réciproques.

On ne sait jamais si le fil tendu sera tenu ou trop ténu

C'est un risque, c'est un tout,

Ou tu perds, ou tu espères

Que les jours viendront 

A chaque instant satisfaire cet amour.

J'écris,

Un doigt sur tes lèvres

Pour donner le ton

A nos relations sans sons.

Je vois dans tes yeux

Un miroitement

Qui n'est pas en miroir.

Un reflet bleu

Qui n'y était pas hier soir.

Je le sais , depuis avant,

Ce n'est ni moi, ni ma voix

Qui prétendra

Avoir ton choix.

Je ne renierai pas 

Ni ne tournerai court,

Ni ne romprai le cours

Ni ne ferai le sourd.

Allez, j'assume,

Je prends mes mots aux mots

Tu peux dire ou souffrir

Tu peux rire ou médire

Je tiens bon, je m'accroche

Ailleurs, ici, là où je suis

Il faut que je dérive

que je m'amarre ailleurs

Si ailleurs est un point

ou une minuscule

Je tenterai ma chance 

oui, je tenterai ma chance.

Ce que j'aime chez lui

C'est son art du refus

Sa pureté à renier

Parce que l'acceptation ne peut pas être atteinte.

Le cœur pur et donnant

Avec sa voix tonnante

Il en est l'incarné.

Oh, je sais que cela ne durera pas

Qu'il retournera aux sources 

Comme nous , comme moi.

Mais il est si gracieux dans cet instant de mauvaise passe.

Magnétique, inspiré, 

Là , il construit sa trace.